Histoire du Rhythm and blues

 Rhythm and blues

Origines stylistiquesBlues, jazz, gospel, boogie-woogie
Origines culturellesDébut des années 1940 ;États-Unis
Instruments typiquesChant, basse, batterie, guitare,piano, saxophone
PopularitéSignificative des années 1940aux années 1960 ; iconique après hors R’n’B contemporain
Scènes régionalesLa Nouvelle-Orléans

Sous-genres

R’n’B contemporain, smooth jazz, neo soul

Genres dérivés

Funk, ska, soul, rock and roll, reggae, disco,beat, rock psychédélique, garage rock, pub rock,mod revival (en)

Le rhythm and blues (aussi écrit rhythm ‘n’ blues), ou R&B (aussi écrit R’n’B ou RnB, pour la même prononciation), est un genre de musique populaire afro-américaine ayant émergé dans les années 19401. Le terme est originellement utilisé par les compagnies de disque pour décrire des albums ciblant uniquement la communauté afro-américaine urbaine, à une époque durant laquelle « un rythme insistant inspiré du jazz » commençait à se populariser2. Le genre mêle des éléments sonores en provenance du gospel, du blues et du jazz3.

Au fil de son existence, plusieurs signification sont attribuées au terme. Au début des années 1950, il s’appliquait souvent aux chansons de blues4. Au milieu des années 1950, après que ce style de musique ait contribué au rock and roll, le terme « R&B » commence à décrire des styles dérivés ou incorporant de l’electric blues, du gospel et de la soul. Dans les années 1970, rhythm and blues est utilisé comme synonyme de funk. Dans les années 1980, un style de R&B plus développé connu sous le nom de R’n’B contemporain, émerge. Il mêle des éléments de rhythm and blues, de soul, de funk, de pop, de hip-hop et de dance. Les chanteurs de R&B populaires du 21e siècle sont Michael Jackson, R. Kelly, Stevie Wonder5, Whitney Houston5,6,7 et Mariah Carey6,8,9.

Caractéristiques et étymologie

En 1948, Jerry Wexler du magazine Billboard utilise le terme de « rhythm and blues » en guise de terme musical aux États-Unis10. Il remplace le terme de « race music » (musique raciale), qui venait à l’origine de la communauté noire, et était considéré comme péjoratif pendant la période d’après-guerre11,12. Le terme « rhythm and blues » est utilisé par Billboard dans son classement Hot R&B/Hip-Hop Songs de juin 1949 à août 1969, jusqu’à ce que le classement Hot Rhythm & Blues Singlesne soit renommé Best Selling Soul Singles13. Avant que le nom de « rhythm and blues » ne soit clarifié dans sa définition, de nombreuses compagnies de disque avaient déjà remplacé le terme de race music en sepia series14.

Le producteur Robert Palmer définit le rhythm and blues comme un « terme entrainant qui désigne tout type de musique composée par ou pour les afro-américains15. »Il utilise le terme de « R&B » as a synonym for jump blues.16. Cependant, AllMusic le sépare du jump blues17.

Histoire

Origines

Louis Jordan, New York, N.Y., ca. juillet 1946 (William P. Gottlieb 04721).

La migration des afro-américains dans des villes telles que Chicago, Détroit, New York, et Los Angeles pendant les années 1920 et 1930 lance un nouveau marché dans les domaines du jazz, du blues, et autres genres musicaux liés, souvent joués par des musiciens à plein temps, seuls ou en groupe. Les origines du rhythm and blues sont retracées dans le jazz et le blues, populaires à cette période et joués par des musiciens comme Harlem Hamfats, Lonnie Johnson, Leroy Carr, Cab Calloway, Count Basie, et T-Bone Walker. La guitare électrique est également utilisée comme instrument principal, accompagné de morceaux de piano et de saxophone18.

Fin des années 1940

Big Joe Turner, àHambourg en 1974 (Heinrich Klaffs Collection 86).

En 1948, RCA Victor distribue de la musique sous le nom de « Blues and Rhythm ». La même année, Louis Jordandomine le top 5 des classements Hot R&B/Hip-Hop Songs avec trois chansons, dont deux inspirées du rythme duboogie-woogie populaire dans les années 194019. Le groupe de Jordan, Tympany Five (formé en 1938), se compose de lui au saxophone et au chant, accompagné d’autres musiciens à la trompette, au saxophone, au piano, à la basse et à la batterie20. Robert Palmer le décrit comme « un rythme insistant inspiré du jazz2. » La musique de Jordan, avec celle de Big Joe Turner, Roy Brown, Billy Wright, et Wynonie Harris, est désormais considérée comme du jump blues. Paul Gayten, Roy Brown, entre autres, avait déjà composé des chansons du style rhythm and blues ayant atteint les classements. En 1948, la reprise de Wynonie Harris (Good Rockin’ Tonight de Brown en 1947) atteint la deuxième place des classements, après Long Gone de Sonny Thompson à la première place21,22.

En 1949, le terme de « Rhythm and Blues » remplace la catégorie Harlem Hit Parade du magazine Billboard11. Également la même année,The Huckle-Buck, entregistré par le chef de groupe et saxophoniste Paul Williams, est classé à la première place du R&B, et y reste pendant toute l’année. Écrite par le musicien Andy Gibson, la chanson est décrite de « dirty boogie »23. Les paroles de Roy Alfred (plus tard auteur du hit (The) Rock and Roll Waltz en 1955), sont à caractère sexuelle24,25. En 1949, une nouvelle version de la chanson blues des années 1920,Ain’t Nobody’s Business est un quatrième succès de Jimmy Witherspoon, et Louis Jordan et la Tympany Five atteignent une nouvelle fois les classements avec la chanson Saturday Night Fish Fry26. La plupart de ces chansons sont publiées par de nouveaux labels indépendants comme Savoy (fondé en 1942), King (fondé en 1943), Imperial (fondé en 1945), Specialty (fondé en 1946), Chess (fondé en 1947), et Atlantic (fondé en 1948)18.

Début et milieu des années 1950

Ray Charles en 1971.

Johnny Otis, signé avec le label Savoy Records, basé à Newark dans le New Jersey, est l’auteur de plusieurs hits de R&B en 1951, incluant : Double Crossing Blues, Mistrustin’ Blues et Cupid’s Boogie, tous classés à la première place. Otis totalise dix chansons au top 10 cette année. D’autres hits incluent Gee Baby, Mambo Boogie et All Nite Long27. The Clovers, un trio vocal qui chante un mélange de blues et de gospel28, est classé à la 5e place avec sa chanson Don’t You Know I Love You publié parAtlantic Records27,29,30. Aussi en juillet 1951, le DJ originaire de Cleveland (Ohio) Alan Freed se lance dans une émission de radio intitulée The Moondog Rock Roll House Party sur WJW31.

En 1951, Little Richard Penniman commence à enregistrer chez RCA Records dans le style jump blues de Roy Brown et Billy Wright à la fin des années 1940. Cependant, ce n’est pas avant la publication d’une démo en 1954, qui attirera l’attention deSpecialty Records, que le public connaîtra sa musique rhythm and blues funky et uptempo qui l’aidera à catapulter sa popularité en 1955 et aidera à définir le son du rock ‘n’ roll. Une succession rapide de hits rhythm and blues, à commencer par Tutti Frutti32 et Long Tall Sally, inspireront des musiciens comme James Brown33, Elvis Presley34 et Otis Redding35.

Ruth Brown du label Atlantic, place plusieurs chansons dans le top 5 chaque année entre 1951 et 1954 : Teardrops from My Eyes, Five, Ten, Fifteen Hours, (Mama) He Treats Your Daughter Mean et What a Dream28. Shake a Hand de Faye Adams atteint la seconde place en 1952. En 1953, le public adepte de R&B fait de la chansonHound Dog de Leiber and Stoller36 troisième des classements la même année. Ruth Brown est très populaire parmi les fans féminines de R&B37,38. La même annéeThe Orioles, un groupe doo-wop, atteint la quatrième place des classements avec la chanson Crying in the Chapel39.

Fats Domino atteint le top 30 des classements pop en 1952 et 1953, puis le top 10 avec Ain’t That a Shame40,41. Ray Charles se popularise à l’échalle nationale en 1955 avec I Got a Woman42. En 1954, Sh-Boom des Chords43 devient le premier hit à atteint le classement R&B et le top 10 plus tôt dans l’année. À la fin de l’année, et en 1955, Hearts of Stone des Charms atteint le top 2044.

Depuis les années 1960

Chain Gang de Sam Cooke est une chanson significative du R&B en 1960, idem pour la chanson The Twist de Chubby Checker45,46. Au début des années 1960, la catégorie musicale auparavant connue sous le nom de rhythm and blues est renommée soul, et une musique similaire jouée par des musiciens blancs est appelée blue eyed soul (en)47,48. Motown Records publie son premier single rentable en 1960 : Shop Around des Miracles49, et en 1961, Stax Records fait paraître son premier hitGee Whiz! (Look at His Eyes) de Carla Thomas50,51.

Notes et références

  1. (en) The new blue music: changes in rhythm & blues, 1950–1999, p. 172.
  2. a et b (en) Robert Palmer, Deep Blues: A Musical and Cultural History of the Mississippi Delta, paperback,‎ 29 juillet 1982 (ISBN 978-0-14-006223-6), p. 146.
  3. « L’après 1945 : Rhythm & Blues, Blues électrique et Bebop » [archive], sureskalequilombo.free.fr (consulté le 13 octobre 2010).
  4. (en) The new blue music: changes in rhythm & blues, 1950–1999, p.8.
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Bibliographie

  • The Tribal Drum: The rise of rhythm and blues [détail de l’édition]
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  • Sebastian Danchin, Encyclopédie du rhythm & blues et de la soul, Fayard, Paris, 2002.
  • André Fanelli, Le rhythm and blues, Puf-Que Sais-je ? N°2619, Paris, 1991.
  • Francis Hofstein, Rhythm and blues, Jazz Hot-L’instant (Jazz Hot encyclopédie), Paris, 1991.
  • Jacques Barsamian et François Jouffa, Encyclopédie (de la) black music, Michel Lafon, Paris, 1994.
  • Nick Tosches, Héros oubliés du rock’n’roll, Allia, Paris, 2000.
  • (en) Frank W. Hoffmann,Frank W. Hoffmann, Richard Carlin, Albin J. Zak, Rhythm and Blues, Rap, and Hip-hop, (ISBN 0816069808)

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