Table de mixage

Table de mixage

Gros plan sur les potentiomètres linéaires (faders) d’une table de mixage.

En enregistrement et reproduction sonore, une table de mixage est un outil permettant de « mixer » (mélanger) plusieurs sources de musique ou de tout autre signal audio. Une table de mixage peut être analogique ou numérique, ou comporter des parties analogiques et des parties numériques. Une console peut être une simple surface de contrôle reliée à une station audionumérique.

Historique

Les consoles de mixage ont été inventées dans les premières années de la radio. Au début des années 1930, la BBC utilise des Dramatic Control Panel (panneau de contrôle dramatique) pour la production des dramatiques et documentaires. Ces premières consoles de mixage permettent de mélanger six sources et d’y ajouter de laréverbération. Le panneau de contrôle proprement dit était presque vertical, sur une table permettant de poser les documents. Les potentiomètres étaient rotatifs. Ces consoles étaient dépourvues d’amplificateurs et utilisaient des relais pour la commutation automatique des amplificateurs de retour sur les plateaux entre programme, ordres (Talkback), le signal antenne (« rouge ») et le lancement des tourne-disques1. Les sources pouvaient être des tourne-disque, des lecteurs de son optique sur film, des microphones, ou des arrivées, par ligne téléphonique, du signal d’unités mobiles.

Les premières consoles à lampes des années 1960 n’avaient que peu d’entrées (6 à 12 puis 16). L’apparition des transistors puis de la famille des transistors à effet de champ permettent la fabrication de consoles comportant 32 entrées conjointement à l’apparition des enregistreurs multipistes, dans les années 1970-1980, jusqu’au maximum techniquement raisonnable des consoles analogiques d’environ 70 entrées. Plus une console a d’entrées, plus la résistance de mélange est grande, ce qui a pour conséquence d’augmenter le gain de l’amplificateur de mélange donc le bruit de fond[réf. nécessaire].

Article détaillé : Console numérique.

Les premières consoles numériques adoptent d’abord l’ergonomie des consoles analogiques. Cependant les coûts prohibitifs des composants (à l’époque) conduisent les fabricants à trouver d’autres solutions plus économes et d’une ergonomiques différente[réf. nécessaire].

Utilisation

Les tables de mixage sont utilisées dans :

Ou bien chaque fois qu’il est nécessaire de mélanger des signaux audio dans un but de finalisation ou de diffusion.

Description

Une console de mixage analogique Neve VR60.

Suivant l’application, la taille et les capacités d’une console pourront varier dans de grandes proportions : de 2 à 16 voies pour un DJ ou une petite radio locale à plusieurs centaines pour des consoles splittées (plusieurs consoles réunies pour en faire une seule) de sonorisation. Pour ce qui est des capacités, par exemple, dans un studio musique une console possède despréamplificateurs pour les microphones utilisés en prise de son ; dans un auditorium destiné uniquement au mixage, ils ne sont pas nécessaires puisque tous les signaux entrant sont déjà à un niveau de signal suffisant.

Consoles analogiques

Il existe 3 types de consoles analogiques : Split, Split/monitor et in-line. Traditionnellement et en analogique, une console se décrit succinctement par son nombre d’entrées (inputs) et son nombre de sorties (outputs), par exemple : 8/2 (8 entrées et 2 sorties), 16/4, 32/24, 60/48, ces deux dernières sont utilisées pour gérer des retours de scène. Aussi par son nombre de départs auxiliaires (2, 4, 6, 8, etc.).

Quand la console est équipée de préamplis micro, les entrées offrent le choix entre entrée micro préamplifiée et entrée « ligne ».

Sur de petites consoles, par souci d’économie, il est possible que seule une moitié ou une partie des canaux soit équipée de préamplificateurs micro. Les autres entrées sont généralement des entrées stéréo. Certaines consoles sont modulables ou personnalisables, c’est-à-dire que le fabricant propose des options en plus de la version basique : entrées ou sorties supplémentaires, automation (flying pigs pour le plus connu), etc.

Structure

Principaux réglages disponibles sur une voie de table de mixage

Une table de mixage a pour fonction d’adapter les différents niveaux électriques reliés à leurs entrées avant de mélanger plusieurs sources vers un groupe de mélange (ou plusieurs), ou encore vers un sous-groupe, lequel aura ses traitements particuliers avant d’être redirigé vers le groupe principal de mixage. Il existe plusieurs types de consoles  : Les Splits (plus souvent utilisées en sonorisation) et les In-Line (plus souvent utilisées en studio).

Chaque signal à mélanger correspond, en principe, à une entrée (ou voie, ou encore tranche),mono ou stéréo, de la table. Les connexions se font traditionnellement par des prises XLR, RCAou jack 6.35 ou par des connecteurs multiples de la famille des D-sub ou, spécifiquement en numérique, d’interfaces MADI.

À chaque voie peut correspondre, suivant les capacités de la console et typiquement répartis comme suit, du haut vers le bas d’une tranche :

Préamplificateur

Il y a différents niveaux sonores dans une chaîne audio classique.

  • Le niveau microphone de l’ordre de quelques mV, c’est ce qui sort directement des microphones de l’instrument et des microphones de voix ; typiquement -60 dBu sur 200 Ω =0,775 mV.
  • Le niveau ligne 0 dBu sur 600 Ω = 0,775 V ou +4 dBu 1,225 V.
  • Le niveau instrument, dont la tension et l’impédance sont très variables selon l’instrument de musique. De basse impédance de 2 à 1 000 Ω à haute impédance de 1 kΩ à 10 MΩ.
  • Le signal amplifié dont la valeur dépend de la puissance des amplis et de leur impédance de charge.

Le préamplificateur sert à augmenter l’intensité électrique du signal afin d’obtenir un niveau ligne. Les consoles dédiées à l’enregistrement et au mixage de concert intègrent un grand nombre de préamplificateurs. On trouve également des appareils dédiés choisis pour leur « couleur » sonore particulière.

Sélecteur d’entrée

le sélecteur d’entrée peut permettre de commuter entre l’entrée micro (via un préamplificateur avec ou sans alimentation fantôme et des entrées ligne (1 à 2).

Compresseur

Article détaillé : Compresseur (audio).

Ou traitement de la dynamique du signal.

Égaliseur

Un égaliseur (EQ) ou « correcteur de tonalité » est un ensemble électronique possédant plusieurs réglages de tonalité permettant de modeler la courbe de réponse d’un système électro-acoustique.

On n’appelle pas en général « égaliseur » les réglages de tonalité les plus simples, qui ne permettent que d’augmenter ou réduire le signal dans deux ou trois larges plages définies par les filtres et désignées basses, aigües et éventuellement médiums, que l’on trouve dans les tranches d’entrée de ligne, qui reçoivent en principe dessignaux déjà élaborés.

Les tranches d’entrée principales de la console comportent le plus souvent un égaliseur paramétrique avec au moins trois bandes dont on peut ajuster la fréquence centrale, la largeur et le niveau.

Les égaliseurs graphiques sont rares sur les consoles de mixage, ne serait-ce qu’à cause de leur encombrement.

Départs et retours auxiliaires

Le nombre de départs auxiliaires varie suivant les consoles, ils peuvent être mono ou stéréo avec une balance (dans ce cas il y a deux potentiomètres).

  • Vers des sorties d’écoute auxiliaires : casque, retours de scène. Le volume général appliqué au fader de la voie n’a pas d’impact sur ces sorties, aussi sont-elles appelées « préfader ».
  • Vers des périphériques de traitement d’effets fréquentiels ou temporels (concrètement : une réverbération et un delay) on utilisera des « aux » configurés en « postfader ».

Insert

L’insert (départ et retour) est une « bretelle » permettant d’insérer un processeur d’effets externe de dynamique, typiquement un noise-gate, un compresseur ou un égaliseur spécialisé voire un égaliseur dynamique.

Solo et Mute

  • Un commutateur solo in place permet au technicien d’isoler un signal de son choix pour effectuer plus facilement des réglages. Quand le solo est activé sur une voie, l’ingénieur peut écouter le signal issu de celle-ci avec les traitements issus du matériel branché en insert.
  • Un commutateur mute (« muet ») pour couper totalement une ou plusieurs voies.

Fader

Articles détaillés : Fader et Potentiomètre.

Un fader ou potentiomètre linéaire, contrôle le volume général de sortie de la tranche.

Les groupes de mélange

Définition

Le terme « bus » décrit en principe la nappe physique (ou la liaison de sortie entre toutes les tranches de la console). Ce bus, ou groupe de mélange, a pour destination l’amplificateur de mélange, lequel a pour destination une des sorties de la console.

Les tables de mixages classiques sont équipées d’un ou plusieurs bus, en général sélectionnés par un ou plusieurs boutons. Le bus permet de regrouper plusieurs tranches, permettant de régler en même temps le niveau de plusieurs sources sonores au moyen d’un seul fader. Les tranches regroupées sortent donc par le départ respectif du bus.

Un routing de sortie se présentant sous la forme de petits commutateurs, permettant d’envoyer le signal de chaque source de chaque voie soit directement vers une piste de l’enregistreur, soit vers l’une des sections de mélange de la table où elle sera groupée avec d’autres voies : sous-groupes vers le mélange principal…

Les bus auxiliaires

Article détaillé : en:Aux-send.

  • Un départ vers un canal auxiliaire se fait au moyen d’un potentiomètre situé en dessous de l’égaliseur. Il permet de récupérer le son de la tranche avant ou après le fader (réglage Pré/Post) et de le faire sortir de la table de mixage (send) pour attaquer les amplificateurs de retours ou des effets auxiliaires (d’où le nom). On a également un potentiomètre maître (master) pour chaque canal auxiliaire.
  • Les retours auxiliaires (returns) correspondent au retour du signal après traitement.

Les effets internes

Certaines tables de mixage proposent un ou plusieurs effets internes, souvent appliqués via un départ auxiliaire routé spécialement vers le processeur d’effet.

Les effets sont effectués par un processeur qui travaille en numérique. Le signal doit être donc échantillonné, traité, puis restitué. Très peu nombreux sur une table analogique, les effets sont très développés pour les consoles numériques (la technologie employée les rendant plus faciles à intégrer). On peut alors en mettre plusieurs par tranche (égaliseur graphique/paramétrique, compresseur, noise gate, réverbération, échoetc.).

Les sous-groupes

Les sous-groupes permettent de faciliter le mixage. En divisant les instruments en plus petits groupes, cela diminue le nombre de potentiomètres à contrôler en même temps, ce qui diminue grandement la charge de travail. Si l’on regroupe toutes les microphones d’une batterie sur un seul potentiomètre, cela permet de n’avoir qu’à gérer le potentiomètre de ce sous-groupe et non huit ou neuf entrées individuelles. Cela rend aussi possible d’appliques des effets sur un ensemble d’instruments. Par exemple, les microphones des choristes peuvent être dirigés vers le même sous-groupe, auquel on aura appliqué un délai, ce qui évitera d’avoir à appliquer ce délai sur le microphone de chaque choriste.

  • Les sous-groupes physiques.
  • Les sous-groupes par commande de voltage controlled amplifier, ou amplificateur commandé par tension. Il y a plusieurs façons de gérer les VCA suivant les fabricants.

L’automation

L’automation permet d’abord, lorsqu’un mixage se déroule sur plusieurs sessions, ou que les répétitions d’un spectacle ont abouti à la mise au point de plusieurs réglages (par exemple : le volume, le panoramique, l’égalisation), d’enregistrer des scènes, représentant soit tous les réglages de la console, soit une partie, de rappeler d’un seul coup ces réglages par une manipulation simple. L’automation permet ainsi d’éviter la prise en note fastidieuse de plusieurs centaines des réglages.

Cette possibilité exige que la machine puisse effectuer elle-même ces réglages et les répercuter sur l’interface utilisateur. Lorsque celle-ci n’est pas purement informatique, l’automation implique généralement des tirettes motorisées, qui reprennent automatiquement la place correspondant aux réglages rappelés.

Souvent l’automation permet en outre de copier des réglages pour les transférer d’un canal à l’autre.

Pour le mixage d’enregistrements, une phase plus avancée d’automation consiste à faire évoluer les réglages dans le temps. Dans une première phase, la machine enregistre l’action de l’opérateur sur un paramètre. On a aussi la possibilité de programmer une évolution, ce qui est parfois plus rapide (par exemple, fondu rapide à un instant donné). Par la suite, lorsque la lecture d’une séquence est lancée, la machine reproduit automatiquement l’évolution du paramètre. On est libre de régler une autre fonction.

Un des premiers constructeurs de consoles à proposer l’automation a été Automated Processes, Inc. en 19732.

En plus des consoles de mixage professionnelles, on trouve des possibilités d’automation sur les stations audionumériques (DAW, Digital Audio Workstation) et la plupart des logiciels de production musicale et de son pour l’image comme Pro Tools, Digital Performer et Logic Pro.

Voir Mix automation (en).

La visualisation

Traditionnellement et en analogique, le VU-mètre a pour fonction de mesurer le niveau du signal. Avec l’évolution du numérique, le vu-mètre devient insuffisant, d’autres systèmes vont le compléter ou le remplacer comme la famille des PPM Peak Programme Meter.

Le monitoring

Désigne l’ensemble des éléments servant à l’écoute du mixage et/ou de l’enregistrement. Simple du temps de la stéréo, il devient complexe avec l’apparition du mixage multicanal et des nécessités de comparaisons d’écoutes (Grosse écoute neutre de travail, petite écoute de diffusion) et de downmixage.

Il est important, dans un environnement de mixage professionnel, de multiplier les sources de monitoring car les morceaux produits seront aussi bien diffusés en format CD, MP3 ou bien même en streaming (via des services web d’écoute d’albums en temps réel). Aussi, à tout moment, l’ingénieur du son devra s’assurer que le mixage qu’il a réalisé est cohérent (harmonieux…) pour l’ensemble des modes de diffusion indiquées plus haut.

Constructeurs

Il y a plusieurs catégories de fabricants suivant les domaines d’utilisation (enregistrement – mixage musique, cinéma, sonorisation, broadcasting, radio, etc.). Certains constructeurs fabriquent à la fois de très grosses et onéreuses consoles destinées uniquement aux studios, et profitant de leur réputation, d’autres consoles plus petites et plus spécialisées. L’informatique au début des années 2000 a bousculé la « donne ». Il est devenu possible de mixer sans console traditionnelle.

Production professionnelle

Table de mixage SSL9000J en cours d’utilisation

Liste non exhaustive :

Studio d’enregistrement et autres fabricants professionnels

Table de mixage de home studio

Liste non exhaustive :

Voir aussi

Bibliographie

Denis Mercier, Le Livre des techniques du son, t. 2, La Technologie, Dunod, 2012, 4e éd. (EAN 9782100570263)

Articles connexes

Notes et références

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Table de mixage de Wikipédia en français (auteurs)