Histoire du Rap
Rap
Les rappeurs Kanye West et Jay-Z en concert auStaples Center de Los Angeles, en décembre 2011.
Origines stylistiques | Hip-hop, jazz, funk, disco, soul |
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Origines culturelles | États-Unis, fin des années 1970 |
Instruments typiques | Boîte à rythmes, platine tourne-disques, human beatbox,percussions, guitare,synthétiseur, échantillonneur |
Popularité | Aux États-Unis depuis lesannées 1970, puis en Europeet en Afrique dans les décennies suivantes |
Scènes régionales | Algérie – Belgique – Brésil –Côte d’Ivoire – États-Unis –France – Japon – Maroc – Niger– Nouvelle-Calédonie – Portugal– Québec – Roumanie – Serbie –Togo – Tunisie |
Voir aussi | Lexique du hip-hop |
Sous-genres
Abstract hip-hop – Chicano rap – Crunk – Dirty south – Gangsta funk – Gangsta rap – Jazz rap –Midwest rap – New jack swing – Rap chrétien –Rap conscient – Rapcore – Rap East Coast – Rap hardcore – Rap metal – Rap old school – Rap West Coast – Turntablism – Underground hip-hop
Genres dérivés
Le rap est un genre musical et une forme d’expression vocale appartenant au mouvement culturel hip-hop, apparue au milieu des années 1970 dans les ghettos aux États-Unis. Le rap consiste le plus souvent à égrener des couplets rimés séparés par des refrains, accompagnés de rythmes (beat, scratching, échantillonnage). Ayant été influencé par d’autres genres musicaux (reggae, blues, jazz…), le rap a acquis une popularité de plus en plus grande au fil des années 1980.
Aux premières heures, les MC’s, (master of ceremony) servaient juste à soutenir les DJ, et les parties rappées étaient simplement appelées MC-ing (emceeing).
Le mot rap provient de l’anglais « to rap », verbe qui signifie « bavarder sur un fond rythmique » dans l’argot noir américain1,2.
Thèmes
En 1982, le morceau The Message de Grandmaster Flash confirme l’importance du rap et de ses thèmes dans le paysage musical. Ses textes, parfois très virulents contre les symboles du pouvoir, la police ou la justice, ont stigmatisé le rap pour une partie de la population. Pour David O’Neill, le succès de The Message a favorisé en France une conception politisée du rap contrairement à des racines américaines plus hédonistes3. Les critiques violentes sont en fait assez minoritaires et l’aspect contestataire se limite le plus souvent à une dénonciation qui passe par les descriptions des problèmes sociaux tels que l’homophobie, le racisme, la pauvreté, lechômage, l’exclusion.
Les thématiques récurrentes, notamment dans le gangsta rap, se retrouvent autour des produits de consommation et des symboles du pouvoir, ainsi que des femmes, des voitures de luxe ou des armes à feu. Les rappeurs jouent sur ces fantasmes et se construisent des personnages en général sans lien avec leur vraie personnalité et leur quotidien réel. Des critiques ont été faites contre ces textes qualifiés de sexistes4, matérialistes ou prônant la violence, par des hommes politiques et par une partie du milieu rap.
Les religions (les trois monothéismes abrahamiques dont l’influence de l’islam dans la zulu nation ainsi que le déisme, parfois l’animisme et les kamites) comme les autres positions philosophiques (l’agnosticisme ou l’athéisme5) sont également présentes dans le rap américain ou francophone.
Structure rythmique
Les rythmes de la musique du rap sont très lents, inspirés de la musique classique du xviie siècle comme les paroles sont rarement des rythmes 4/4 ou 2/2 avec des temps fortement scandés par une alternance de grosse caisse et de caisse claire. Généralement, le tempo avoisine les 90-105 pulsations par minute. Le caractèresyncopé marqué rappelant celui de certaines formes de funk, dont le rap des premiers temps était d’ailleurs fortement inspiré.
Ce style a été amené de manière prédominante par les musiques soul et funk, lesquelles répétaient tout au long des morceaux leurs rythmes et leurs thèmes musicaux. Dans les années 1960 et 70, James Brown jette certaines bases sur lesquelles sera fondée une partie du rap : une musique rythmée (ses enregistrements sont encore aujourd’hui une source de samples inépuisable pour les DJ), un style de chant saccadé, parfois parlé ou crié et des textes véhiculant une forte identité et des revendications sociales ou politiques. C’était le parfait tremplin pour pousser les MC à écrire leurs rimes. C’est d’ailleurs toujours ce qui attire le plus dans le rap : l’emphase mise sur les paroles et la prouesse de leurs élocutions.
Dans le rap (instrumental), les DJ (ou disc jockeys) et les producteurs sont libres d’expérimenter avec la création de morceaux instrumentaux. Les producteurs peuvent prendre des sources sonores assez « diverses » (comportant des voix, etc.)
Instrumentation et production
L’instrumentation rap découle de la musique funk, disco et R&B, à la fois sur le plan de l’équipement sonore et des albums échantillonnés. Alors que le mixage réalisé par les DJ disco et de clubs avait pour but de produire une musique continuelle avec des transitions discrètes entre les morceaux, celui réalisé par Kool DJ Herc a lui donné naissance à une pratique visant à isoler et à étendre les seuls breaks en les mélangeant entre eux avec deux copies du même morceau. À l’origine, les breaks(ou breakbeats) étaient les transitions à l’intérieur d’un morceau, composées surtout de percussions. C’est ce qu’Afrika Bambaataa décrivit comme « la partie du disque qu’attend tout le monde… où ils se laissent aller et font les fous » (Top, 1991). James Brown, Bob James et Parliament – parmi d’autres – ont longtemps été des sources populaires pour les breaks. Sur cette base rythmique, on pouvait ajouter des parties instrumentales provenant d’autres albums (et beaucoup l’ont fait). L’instrumentation des premiers samples utilisés est la même que celle de la musique funk, disco ou rock : voix, guitare, basse, clavier, batterie et percussions.
Alors que l’originalité de la musique rap provenait principalement des breaks des albums du DJ, l’arrivée de la boîte à rythmes (appelée en anglais beat box ou drum machine) a permis aux musiciens du rap d’intégrer des fragments originaux à leur musique. Les sons de la boîte à rythme étaient joués soit par-dessus la musique produite par le DJ, soit seule. La qualité des séquences rythmiques est progressivement devenue centrale pour les musiciens de rap, car ces rythmes étaient la part la plus dansante de leur musique. En conséquence, les boites à rythme ont rapidement été équipées pour produire des kicks (sons de grosse caisse) avec une basse puissante et sinusoïdale en arrière-plan. Cela a permis d’émuler les solos de batterie de vieux albums de funk, de soul et de rock datant des années 1960 et 1970. Les boites à rythme avaient de plus un stock limité de sons prédéterminés incluant des cymbales, des grosses caisses, des caisses claires et des toms.
L’introduction des échantillonneurs (ou sampleurs) a changé la manière dont le rap était produit. Un échantillonneur permet d’enregistrer et de stocker numériquement des petits passages sonores provenant de n’importe quel appareil disposant d’une sortie électrique, comme une platine-disque. Les producteurs ont donc pu échantillonner les sons de batterie des albums de leur jeunesse. Plus important encore, ils ont pu sampler des sons de cuivre, de basse, de guitare et de piano à ajouter à leurs rythmes. Et le rap avait finalement son orchestration au grand complet.
Le caractère dur et énergique des sonorités de la musique rap, souvent assez éloigné du son plus organique des autres genres musicaux, constitue un obstacle à la reconnaissance du genre en tant que forme artistique à part entière. Même les groupes de rap ayant un orchestre utilisent souvent les samples et le son des machines pour créer leurs rythmes en studio (lors de concerts, ils les recréent habituellement avec un orchestre). Le rap est l’objet d’une méprise répandue selon laquelle les samples et les boites à rythme sont des techniques pour musiciens paresseux ou encore qu’ils ne sont qu’une pâle compensation pour un « véritable » orchestre (cette considération étant d’ailleurs courante pour toute musique faisant usage de ces techniques). Dans les faits, les producteurs de rap sont souvent à la recherche d’un timbre, d’une texture et d’une fréquence précis pour leur sample et leur séquence rythmique. Un batteur jouant en direct le break de Funky Drummer de James Brown ne peut se substituer à son sample. Toutefois, on peut noter ces dernières années une tendance de retour vers les instruments originaux avec des musiciens et producteurs tels que Timbaland, OutKast, The Roots et The Neptunes. Aujourd’hui, certains rappeurs utilisent de nouveaux procédés pour enjoliver leur art. La batterie est ancrée depuis bien longtemps dans le rap, le tempo est étrangement similaire à une platine ou encore à un logiciel de percussions. Timbaland a récemment démontré, que la batterie pouvait convenir au rap, grâce à la grosse caisse et autres. Kanye West quant à lui, utilise les percussions pour son rap. Et ainsi, d’autres rappeurs vont suivre ce mouvement, celle de l’association d’instruments à percussions, qui mettent en valeur leurs origines lointaines, venant d’Afrique et autres pays colonisés.
Flow
Le « flow » est un terme inventé par le rappeur Rakim, et qui signifie la manière dont le rappeur chante. En effet, une même phrase peut être rappée d’un nombre infini de manières. Le flow peut se concentrer sur le rythme, se rapprocher de la parole ou plus rarement d’une mélodie. La mode actuelle en ce qui concerne les flows est de « surprendre » l’oreille de l’auditeur en utilisant des rythmes ternaires, dansants et changeants. Les rappeurs américains utilisent ce genre de procédés pour garder l’attention de l’auditeur même si celui-ci ne comprend pas les paroles, et ce dans le but de se vendre internationalement. Cependant, des artistes, comme Sinik enFrance (qui y remédiera dans la chanson Adrénaline), possèdent un flow strictement linéaire (lorsque le rappeur place systématiquement le même nombre de syllabes, souvent 4, par pulsation, ce qui est perçu comme étant répétitif et monotone). Le flow dépend aussi de la voix et des intonations du rappeur. Les procédés poétiques classiques tels les allitérations, homéotéleutes, métaphores et assonances sont utilisées massivement. La paronomase est la figure de rhétorique reine du rap. L’argotest souvent utilisé.
Histoire
Origines et influences
Le rap semble au premier abord se rapprocher de la culture africaine. Le chant scandé du MC évoque en effet le griot, poète et musicien qui chronique la vie quotidienne ou est invité à chanter lors des célébrations (par exemple un mariage). De même, le retour à une musique essentiellement basée sur le rythme plus que sur la mélodie ramène aux polyrythmies de percussions africaines. Aussi une grande partie des premiers DJ et MC était d’origine jamaïquaine. Les sound systemsjamaïcains, et la pratique du talk-over, ont donc eu un rôle dans l’apparition du rap dans les ghettos Noirs américains. Malgré cela, d’autres ont aussi évoqués la possibilité d’une origine occidentale de cette expression, en prenant l’exemple des troubadours pour appuyer leur thèse.(Peut-être d’origine brésilienne a la même époque de la capoeira (music, chant, dance-combat) contre l’esclavagisme
Genèse
L’ancêtre le plus proche du rap est le spoken word (« mot parlé »), apparu au début des années 1930 avec le Golden Gate Quartet un groupe de Gospel avec la chanson Preacher and the Bear. Bien plus tard, quelques groupes confidentiels dont The Last Poets à New York, The Watts Prophets en Californie, ainsi que Gil Scott-Heron6. Il s’agit à cette époque de la déclamation de discours sur des rythmes battus par des tambours africains avec la négritude comme thème de prédilection.
Parallèlement au spoken word et bien que par essence le hip-hop a surtout le funk comme racines, une autre influence possible dans la genèse du rap est l’apparition dès le début des années 1970, du toasting en Jamaïque. Des DJ/animateurs se mettaient à parler-chanter par dessus des mix instrumentaux de hits reggae (souvent placés en face B de ces derniers) à la radio ou dans les sound systems. Ces mix conçus pour les sound systems allaient permettre le développement du dub, tandis que cette façon de chanter-parler par dessus définissait le toasting, ou autre ragga, et du coup les prémices de rap à venir. U Roy est l’un des meilleurs exemples. Le rapprochement avec le rap est évident.
Le hip-hop, lui, est né en 1974 avec DJ Kool Herc, et les premiers raps étaient réalisés par des MC (Maîtres de Cérémonie) qui faisaient des rimes toutes simples pour mettre l’ambiance en soirée.
Mais rendons à Cesar ce qui appartient à Cesar: Le premier morceau de rap proprement dit n’est pas américain. Il est… Italien. C’est le fameux titre d’Adriano Celentano, Prisencolinensinainciusol, qui voit le jour en 1972, sept ans (!) avant King Tim III du groupe Fatback Band (1979).
En 1979, quelques mois après, le premier tube rap sort en 45 tours, c’est Rapper’s Delight du Sugarhill Gang, où la musique est clairement influencée par le funk. On peut noter aussi la parution de Magnificient Seven en 1980 du groupe punk anglais The Clash.
En 1982, The Message de Grandmaster Flash est la révolution annoncée. Il s’agit du premier tube hip-hop, une culture de rue qui était alors composée principalement de danse et de DJ-ing. Il est d’ailleurs curieux que, malgré le fait que ce soit le rappeur Melle Mel qu’on entend sur l’enregistrement, le titre est crédité du nom de Grand Master Flash (le DJ – concepteur sonore). Le rappeur n’avait pas le rôle de premier plan qu’il a aujourd’hui. Les rappeurs américains tel que Run DMC critiquent le racisme des blancs dans leurs chansons, la majorité des auditeurs sont alors des noirs. Les Beastie Boys commencèrent eux aussi à se faire connaître, prouvant et montrant ainsi que la culture hip-hop était bien un mélange de culture et d’influence noir et blanche. Plus tard, Puff Daddy a calqué la musique rap sur les chants doux très en vogue chez les blancs aux États-Unis.
Les années 1980 sont celles de l’explosion du rap avec des groupes politiques comme Public Enemy ou entertainment comme Run–DMC. Dans la lignée du Do it yourself des punks new-yorkais (le hip-hop fut d’abord surnommé le « punk noir »), les rappeurs rappaient sur des rythmes synthétiques et brutaux, issus de boîte à rythmes bon marché.
Il s’agit d’une véritable musique populaire de rue qui développait ses propres thèmes : d’une part sous l’influence de la Zulu Nation d’Afrika Bambaataa qui voyait dans le hip-hop le moyen d’éloigner les jeunes de la drogue et des gangs et d’émuler leur créativité, d’autre part en tant que témoignage d’une vie difficile (rap « hardcore »).
Initialement issu des quartiers défavorisés, le rap à ses débuts est souvent un exutoire au mal-être et aux revendications des jeunes qui les habitent. Les propos violents ou crus sont fréquents, volontiers provocateurs (Fuck tha Police de NWA. Le rap est à la fois un phénomène social et une forme artistique à part entière.
Âge d’or
Le milieu des années 1980 est désigné[Par qui ?] comme l’âge d’or du rap[réf. nécessaire]. À New York, la guerre des crews (équipes) se termine. Les crews réunissaient des rappeurs (souvent des dizaines) du même quartier, réunis autour d’un producteur charismatique. Le plus célèbre était le Juice Crew de Queensbridge, emmené par le célèbre Marley Marl à qui est attribuée l’invention du sampling (échantillons extraits d’autres morceaux puis inclus dans les boucles). Le Juice Crew a fait de nombreux beefs (luttes) avec les lyricists (paroliers) des autres quartiers. Par exemple, KRS-One, du South Bronx, a défié le Juice Crew par chansons interposées dont le célèbre The Bridge is Over qu’il est venu chanter devant eux dans une salle de Queensbridge.
L’âge d’or, c’est donc l’émergence à New York des duos DJ-MC comme Gang Starr (DJ Premier et Guru), Eric B & Rakim ou Pete Rock & CL Smooth qui continuent l’œuvre de Marley Marl ; et en Californie d’une nouvelle scène Gangsta avec surtout les NWA.
À Los Angeles le groupe de rap NWA est fondé par Dr. Dre, Ice Cube, Eazy-E, Mc Ren et Dj Yella en 1986, il sévit jusqu’en 1991 après avoir révolutionné le rap. En effet, alors que le rap new-yorkais produit un rap teinté de soul et de jazz à tendance consciente, les NWA créent le gangsta rap, musicalement très inspiré du P-Funk. Il s’agit de raconter leur vécu : les violences policières, les guerres de gangs, et de représenter leur ville Compton.
Leur album straight outta compton est classé comme un monument du hip-hop. Ce groupe permet à la scène rap de la côte ouest d’avoir une visibilité médiatique. Cela est plutôt réussi puisque jusqu’au milieu des années 1990, le rap de Los Angeles domine[réf. nécessaire] l’actualité hip-hop (avec les premiers albums solos de Dr. Dre en 1992, de 2pac en 1991, de Snoop Dogg en 1993, Tha Dogg Pound composé de Daz Dillinger et Kurupt en 1995, etc.) pendant toute cette période avec le Gangsta rap et le G-funk (sample de funk de la côte ouest).
Mais le rap de l’est ne baisse pas les bras en sortant des albums de rap pendant cette même période. Se font connaître des artistes issus du Juice Crew comme NASavec Illmatic en 1994, Mobb Deep (The Infamous en 1995), le Wu-Tang Clan en 1993 avec Enter the Wu tang 36th Chambers, The Notorious B.I.G. en 1994 avecReady to die. New York produit un rap bien plus sombre faisant le récit de la dure réalité des rues du Queens, du Bronx et de Brooklyn. C’est Puff Daddy qui révolutionne une nouvelle fois le rap new-yorkais en mettant un peu de fête et en samplant de la funk qui permet à The Notorious B.I.G. d’avoir une énorme couverture médiatique et de rivaliser avec les rappeurs de Los Angeles.
Il s’ensuit d’ailleurs une guerre entre l’est et l’ouest des États-Unis due à la rivalité entre 2Pac et The Notorious B.I.G.. Celle-ci se termine par la mort prématurée des deux protagonistes, assassinés en 1996 pour le premier et en 1997 pour le second. Cette date marque la fin d’une époque pour le hip-hop old school.
Évolution du rap de nos jours
S’il est bien issu des populations noires américaines, le rap s’est démocratisé dès le début des années 1990 pour toucher également les populations blanches dont provient une part croissante des créateurs de rap, l’exemple le plus connu étant Eminem. Plus récemment, les pays européens, africains puis asiatiques ont développé leurs propres scènes rap.
Ainsi devenu un courant musical mondial très à la mode, le rap génère d’importants flux d’argent. Des radios spécialisées (skyrock, en france) sont apparues mais privilégient les artistes « grand public » dont la promotion est assurée par les majors et aboutissent à une certaine homogénéité au détriment des artistes indépendants. Certains font remarquer que le rap est depuis le début une musique grand public qui, comme tous les genres, contient en son sein des artistes commerciaux et d’autres plus indépendants et peut-être plus créatifs.
Les évolutions du rap sont nombreuses. On peut parler par exemple de hip-hop instrumental ou abstract hip-hop (DJ Shadow, RJD2, Big Dada, DJ Krush), une musique très élaborée qui se base sur la rythmique hip-hop. Le rap s’inspire et se mélange aussi aux autres genres jusqu’à brouiller les frontières : rock et métal avec la fusion et le rapcore, trip hop avec l’abstract hip-hop, musiques traditionnelles ou encore électroniques.
Jean-Baptiste Vieille, du magazine musical Tsugi, remarque que Kanye West avec 808s and Heartbreak a permis l’émergence du « rappeur vulnérable », qui s’est ainsi substitué à la fin des années 2000 « au modèle viril incarné par 50 Cent »7. Il explique que « là où le rap raconte habituellement des histoires d’ascension, du bas vers le haut, la nouvelle génération fait le chemin inverse » à l’image de Drake qui, à peine décollé, « contemple déjà sa réussite avec lassitude »7.
À partir des années 2000, le rap est considéré par le département d’État américain comme un outil diplomatique : la diffusion de « bon rap musulman » serait un moyen de lutter contre l’embrigadement djihadiste de jeunes du monde entier8.
Différence entre rap et hip-hop
Le rap est un mode d’expression alors que le hip-hop est un mouvement culturel et artistique qui regroupe quatre principaux modes d’expression9:
Ces modes d’expression artistique existaient séparément avant la création du mouvement hip-hop. Réunis dans les années 1970, ils donnèrent naissance à un réel état d’esprit avec ses propres codes : des valeurs, des attitudes, un style vestimentaire et des cultures urbaines.
Rap dans le monde
Le rap est apparu aux États-Unis et s’est répandu partout dans le monde dans les Années 1990. Auparavant inscrit seulement dans la culture urbaine, il est aujourd’hui présent dans tous les milieux
Belgique
Le rap belge est assez similaire au rap français à la différence que très peu d’artistes y ont réellement percé, que ce soit sur la scène nationale ou internationale. Ceci peut s’expliquer par le manque de structures, de moyens, d’argent, et de médiatisation avec lesquels les artistes sont obligés de faire… en attendant peut-être de se faire connaitre en France et dans les autres pays francophones.
Historiquement, le rap apparaît en Belgique fin des années 1980 et naît de la sortie de deux disques importants : ceux de Benny B et de BRC. Ensuite, c’est le groupeStarflam qui percera sur la scène hip-hop et qui connaîtra un succès honorable. Progressivement, de nombreux nouveaux artistes et collectifs vont apparaître tels que CNN 199, OPAK, Ultime Team, Pitcho, Gandhi ou encore James Deano.
On retrouve au sein du rap belge les mêmes thèmes que dans le rap français (injustice, quartiers défavorisés et vie difficile, avenir incertain…) mais traité sur la base d’une réalité propre aux rappeurs belges, avec des références spécifiques telles que des quartiers, des communes, ou encore des hommes politiques. Les rappeurs se font également souvent le relais de problématiques typiquement belges telles que le conflit communautaire (problématique face à laquelle ces derniers semblent souvent défendre un point de vue unioniste et royaliste).
FranceArticle détaillé : Rap français.
Le rap apparait en France aux début des années 1980 grâce notamment au DJ Dee Nasty. La diffusion du rap est alors limité à quelques radios pirates. L’essor du rap français se fait à partir des années 1990 avec des groupes comme NTM, IAM ou MC Solaar. La diffusion devient de moins en moins confidentielle, avec par exemple la radio Skyrock et son émission Planète Rap. Enfin dans les années 2000, la scène française est représentée par des artistes tels que Sinik, , Tunisiano, Kery JamesIAM, Fonky Family, Arsenik, Lunatic, 113, Mafia K’1 Fry, Sniper, Psy 4 de la rime, La Fouine, Rohff, Sefyu Oxmo Puccino, Sultan, Keny Arkana, Mister You, Lacrim,Niro, Soprano, Nessbeal, Ali, Booba, Kamelancien…
AsieJapon, Chine, Philippines
Kokujin tensai (Japon)
Le rap des Philippines date des années 1980 avec Francis Magalona et le rap chinois est apparu officiellement en 2001 avec MC Jin.[réf. nécessaire]
Indonésie
Rap québécois
Amérique latine
- Racionais MC’s, groupe de rap brésilien fondé en 1988
- Mano Brown, le plus connu au sein du groupe
- Vico C est le premier rappeur latino qui sera à l’origine du reggaetón[réf. nécessaire].
- Los Aldeanos, Aldo est un groupe de rap cubain qui jouit d’une grande reconnaissance et notoriété en Amérique Latine (Mi Hermosa Habana)
- Apache et Canserbero, Venezuela
- Tres coronas, Colombie-République Dominicaine et Afaz Natural (Medellin, Colombie)
- King Kong click, Movimiento Original, Chili
Afrique
Algérie
Bénin
Burkina Faso
Gabon
Maroc
Le Maroc est souvent présenté[Par qui ?] comme le principal pays du rap au Maghreb[réf. nécessaire]. Le rap marocain prend différentes formes allant du rap commercial au rap conscient. Les débuts du hip-hop et des arts urbains au Maroc remontent au milieu des années 1980. Il faut préciser que dès son apparition en Occident, des jeunes marocains issus de l’immigration vivant en Europe feront entrer le rap au pays lors de leur retour saisonnier au Maroc. Les rappeurs marocains mettront plusieurs années pour transformer le rap occidental en rap marocain (fusion entre musiques traditionnelles marocaines et rap occidental) et pour trouver le phrasé adéquat (mélange d’arabe marocain dit darija, tamazight (berbère), français et anglais). L’ouverture démocratique du pays (amorcée à la fin des années 1990) jouera un rôle crucial dans l’épanouissement et l’expansion de tous les nouveaux genres musicaux de la nouvelle scène marocaine. Il ne se fait réellement connaître qu’à partir de l’année 1996 grâce au rappeurs Dogs, 3awd Lil et Zanka Flow dont MUSLIM qui représentait le coté conscient du Rap Marocain. De l’autre côté il y avait Don Bigg avec une vision du rap très proche de celle des Européens et où on recense beaucoup de succès à travers l’Europe et l’Afrique dans les années 2000. Des artistes et des groupes comme Kachela, Casa Crew, Casa System, H-Kayne, Don Bigg, Shayfeen, Fnaire ou MUSLIM rendent célèbre le rap marocain.
Sénégal
Tunisie
Notes et références
- Jean-Marie Jacono, « Pour une analyse des chansons de rap [archive] », Musurgia, Éditions ESKA, Vol. 5, no 2, p. 65-75.
- David Diallo, « La musique rap comme forme de résistance ? [archive] », Revue de recherche en civilisation américaine, 2009-1.
- « Le premier hit à envahir la France fut The Message, titre conscient sur les conditions de vie des ghettos. D’où cette idée biaisée que le rap serait une musique sérieuse qui tirerait sa légitimité de la revendication sociale alors qu’il a toujours parlé de sexe, de rue et de musique. »David O’Neill, Explicit Lyrics : Toute la culture rap ou presque, Les éditeurs libres, 2007
- « Dans leurs chansons, les filles ne sont que le gibier de la drague. Leurs textes peuvent se résumer à « Toutes des putes y compris ma sœur, sauf ma mère, mais pas la tienne ». Ils inscrivent leur mépris de la femme dans leur propre nom. Tu avais NTM, et tu as Doc Gynéco. ça veut bien dire ce que ça veut dire. Ils réduisent la femme à son sexe et ses seins […] Ces mecs ont une mentalité du Moyen Âge, ou plutôt non, au Moyen Âge les chevaliers s’humiliaient pour l’honneur de leur Dame. C’est carrément la préhistoire. », Lionel Labosse, L’année de l’orientation, Publibook, 2006, p. 45-46.
- Ill Bill ex Non Phixion a un morceau nommé God is an atheist, il rappe dans un autre morceau : « God is an sexe, why should I believe in religion? »
- Voir notamment la chanson The Revolution Will Not Be Televised.
- (fr) Jean-Baptiste Vieille, « Drake, le blues du millionnaire », Tsugi, no 46,novembre 2011, p. 60-61 (ISSN 1959-8564)
- Hisham Aidi, « La diplomatie par le hip-hop », Courrier international, no 1223, 10 avril 2014, p. 46-49 (ISSN 1154-516X) — Publication originale : (en) Hisham Aidi,« America’s Hip-Hop Foreign Policy », The Atlantic, 20 mars 2014 (lire en ligne [archive]) — extrait de (en) Hisham Aidi, Rebel Music : Race, Empire, and the New Muslim Youth Culture, Pantheon, 2014, 432 p. (ISBN 978-0375424908)
- http://www.urbandictionary.com/define.php?term=hip-hop [archive]
Annexes
Bibliographie
- Georges Lapassade et Philippe Rousselot, Le rap ou la fureur de dire, Paris, Loris Talmont, 1990.
- Manuel Boucher, Rap, expression des lascars. Significations et enjeux du rap dans la société française, Paris, éd. L’Harmattan, 1999. (ISBN 978-2738473806)
- Olivier Cachin, L’Offensive rap: 1re édition Gallimard 1996, 10 octobre 2001.
- Gérôme Guibert & Emmanuel Parent (dir.), Dossier « hip hop », revue Copyright Volume ! (no 3-2), Bordeaux, Éditions Mélanie Seteun, 2004.
- Eva Kimminich, „Rap: More Than Words – Eine Zwischenbilanz: 3 Jahrzehnte Hip Hop – 3 Jahrzehnte Hip Hop-Forschung.“ In: Rap More Than Words (= Welt – Körper – Sprache. Perspektiven kultureller Wahrneh¬mungs- und Darstel¬lungsformen, Bd. 4), Frankfurt a.M./Berlin/Bern/New York /Paris/Wien (Peter Lang)2004.
- Eva Kimminich, „Citoyen oder Fremder? Ausgrenzung und kulturelle Autonomie in der Banlieue Frankreichs.“ In: Archiv für Sozialgeschichte, Bd. 46: Integration und Frag¬men¬tierung in der europäischen Stadt. Bonn (Verlag J.H.W. Dietz Nachf.) 2006, S. 505-538. „Rap et société: Immigration, intégration, racisme – Naissance et développement d’une orature anticapitaliste. “ In: Schriftenreihe des Frankreichzentrums der Albert-Ludwigs-Universität. Freiburg 2007, S. 102-115. „RapAttitüden, RapAttacken und RAPublikaner.“ In: Winfried Wehle (Hrsg.), Lyrik des 20. Jahr¬hunderts. Tübingen (Stauffenburg) 2010, S. 411-458.
- Jean-Marie Seca, (éd.), 2007, Musiques populaires underground et représentations du politique, Cortil-Wodon, InterCommunications & EME.
- Jeff Chang, Can’t Stop Won’t Stop: A History of the Hip-Hop Generation. New York: St. Martin’s Press, 2005, (ISBN 0-312-42579-1)
- David O’Neill, Explicit Lyrics : toute la culture rap ou presque, Paris, Les éditeurs libres, 2007. (ISBN 978-2-916399-05-8)
- Julien Barret, Le Rap ou l’artisanat de la rime, L’Harmattan, 23 octobre et 1er novembre 2008. (ISBN 2-296-06783-2)
- Sylvain Bertot, Rap, Hip-hop : Trente années en 150 albums de Kurtis Blow à Odd Future, Le Mot et le Reste, 2012, 384 p. (ISBN 978-2-3605-4051-8).
Articles connexes
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